Et maintenant, je suis ici :

mercredi 30 septembre 2009

Messages de prétendants indiens

Extraits, tels quels.

"Geall u r such a beauti girl i m waiting ur call"

"If i sit on d hOt seat Of sach ka samna whch ques. u want 2 ask..? U r free 2 ask anythng..snd 2 ur frnz 1 gt intrstn rply bt rply me frst.."

"Bonjnur mademoselle, comment cava. Je suis tres bien. Quest que vous arrivez srinagar. tu me manques tellement. je pense que vous etes special"

"Hi hw r u" (*25)


"I want u to my gud frnd"

"I really like yr eyes n yr smile n yr nature n yr voice n yr dancing plz call me back"

"U frget me. Sad coz for me forget u imposble"

"In this holy month of Ramazzan I pray to God to keep you always happy and smiling"

"Maybe u dt knw me I knw u. Dt u want to get to knw me ?"

De le crème solaire en Inde

Je ne vous apprends rien, le soleil tape parfois en Inde. Commence alors la chasse à la crème solaire pour protéger mon précieux épiderme.
La voici, la fameuse :

Mignonnette ! Mais sa taille, ses caractéristiques, et les consignes indiquées au dos nous en disent long sur l'Inde et ses principes : voyons ce que nous pouvons ici en tirer.

  • Bon, le principe est le même que partout : "double-action formulation that protects and nourishes (...), protection from harmful UVA and UVB".
  • MAIS, surprise, si l'on lit plus loin, on trouve ceci : "prevents skin darkening". AhAH ! Donc, le but principal n'est pas de ne pas ROUGIR mais de ne pas FONCER. Bah oui, faut pas être trop noir en Inde (ni trop blanc).
  • "Directions for use : apply liberally on exposed skin like face, neck and arms before going outdoors during the day". Remarquons la faible surface de peau supposée pouvoir être exposée. Remarquons aussi qu'il ne s'agit que d'aller "outdoors" et en aucun cas d'aller à la plage, à la piscine ou à un quelconque autre endroit de perdition d'inspiration occidentale.
  • D'ailleurs, on nous précise "Not water resistant", autant dire qu'on fait tout pour nous empêcher de quitter le droit chemin.
  • Et puis de toute façon... avec 50ml de crème solaire, on ne va pas très loin. C'est le plus gros tube que j'ai trouvé.
  • MAIS c'est Himalaya, une des meilleures marques *ayurvédiques* indiennes, alors ça rattrape tous les supposés vices précédemment cités.

dimanche 27 septembre 2009

Time to open our minds ?

Cette publicité passe en boucle sur toutes les TVs indiennes. Spéciale "kassdédi" à Adrien et, oui, décidément je suis toujours une fille à pédés ;-)


jeudi 24 septembre 2009

Green mehandi

Ce soir j'ai bu du thé trop infusé, j'ai dessiné au henné sur mes mains, j'ai rêvé de laisser glisser mon archet sur les cordes de mon violon, j'ai oublié de travailler, j'ai laissé mon esprit s'égarer là où il aime s'égarer souvent. Damned que ce thé est amer.





इंतज़ार

कोटा और बूंदी (Kota and Bûndî)

Bon, bah on a loupé le train pour Jaisalmer...

Dans toutes les gares je voyais partir les derniers trains
Personne ne pouvait plus partir car on ne délivrait plus de billets
et les soldats qui s'en allaient auraient bien voulu rester...

(merci Blaise Cendrars)


"Sorry Sir, is there availability for six people in tonight's Jaipur express ?
- No.
- Eww... Jodhpur ?
- No... (surprised look).
- For Varanasi maybe ?
- No... (tired look).
- Let's say Shimla ! You must find seats for us in Shimla express !
- No way. Waiting list (angry look)".


Pas évident de trouver un plan de rechange sachant que pour le moindre trajet en train en Inde il faut s'y prendre plusieurs jours à l'avance pour avoir de la place...


"Et si on allait à Bûndî ? C'est chou Bûndî, et personne y va !"


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Ce fut donc Bûndî en passant par Kota, tout ça au lieu de Jaisalmer. Au lieu du fin fond du Rajasthan, le fin dessus ; il a fallu renoncer à nos rêves de désert et de camel safari... Mais Kota est très chouette aussi. C'est une ville un peu industrielle à l'ambiance de façon générale assez peu intéressante, mais elle a un beau palais de l'époque rajpoute, un chouette lac, et elle est réputée pour ses saris brodés ! Vous devinez donc que j'ai investi dans mon tout premier sari, tout bleu tout joli tout seyant. Kota ç'a été aussi et surtout ma première rencontre avec mon Inde rêvée, pas l'Inde vécue, ressentie, explorée depuis que je suis arrivée ici. Non, l'image qu'on a quand on est loin et qu'on ne connaît que peu l'Inde, qu'on regarde Le livre de la jungle... Il y a à Kota un très vieil ensemble de temples perdu dans la jungle, qui ne figure même pas sur le Routard, mais dont l'ambiance est fascinante.

S'enfoncer dans la nature foisonnante, traverser des ruisseaux boueux pour atteindre les temples plus ou moins bien conservés dont les teintes oranges et rouges sont mises en valeur par le crépuscule, en prenant garde à ne pas déranger les ascètes qui se sont établis là... A part pour cet endroit, Kota n'est néanmoins pas un endroit où il est intéressant de s'attarder (en plus, on y a eu quelques mésaventures). Pour nous ç'a été surtout un lieu de passage pour Bûndî.

*

Bûndî, petite
bourgade à même pas une heure de bus de Kota (même pas le temps de commencer à penser à s'ennuyer !), qui se flatte d'avoir reçu en ses mignonnes guesthouses familiales le très fameux Rudyard Kipling et ses écrits indianisants. J'ai fort envie d'ailleurs, depuis ce voyage, d'y replonger mon nez. Notre petit nid pour quelques jours fut une mignonne guesthouse sur les bords d'un petit lac, au jardin envahi de singes. Visite d'un très vieux palais accroché à la colline au dessus de la ville bleue, et de l'ancien fort situé encore plus haut, lui aussi royaume incontesté des singes. Quelle vue depuis le palais, et quelles peintures magnifiques dans les nombreuses salles en enfilades !

Côté nature, il y eut aussi la virée en jeep jusqu'à un endroit déserté par les hommes sédentaires, avec un paysage presque de savane, creusé par des ruisseaux qui se rassemblaient en une cascade plongeant dans un canyon. Bel endroit s'il en est, où il était possible de se baigner dans le lac formé par les eaux de la cascade, mais sous le regard des Indiens apparemment habitués de l'endroit, donc, pour les filles, toutes habillées. Pas facile d'ailleurs de se préserver un espace loin des regards lubriques et intrusifs... "Very simple : this is the girls' corner, you're not allowed in".


Très beau voyage en tout cas, chaud et coloré, avec autant d'horizons dégagés que d'attroupements autour de nous ; tout est toujours dans le contraste ici !

Comme un air de déjà vu...

Traverser la moitié du globe et retrouver la même chose que dans les facs françaises ?

Pas un seul cours, personne en vue dans le campus à part les militants cherchant à rabattre tous les candides individus pensant avoir cours vers la manif. On fait grève pour avoir un health center équipé et efficace, ouvert 24*7, suite à la mort d'un étudiant et d'un prof invité sur le campus. Ca me rappelle mon expérience au health center, tiens... Les étudiants indiens m'ont demandé d'écrire une lettre à l'ambassade de France pour me plaindre de la situation, et de la faire signer à tous les étudiants français de JNU.


Enfin sinon cette grève tombe bien, je suis en retard dans mon travail. Et puis ,pour rentabiliser mon voyage en rickshaw âprement négocié jusqu'à la fac, j'en ai profité pour prendre un petit déj' à la school of international studies, sous les parasols bariolés. French toast aur lassi, sabse haim ! Jusqu'à être délogée par une équipe de télévision tournant un reportage sur la fin de la guerre civile au Sri Lanka pile là où j'avais établi mon havre de paix.

mercredi 23 septembre 2009

Traveler's secret quest

I've had recurring nightmares that I was loved for who I am
And missed the opportunity to be a better man

Muse, Hoodoo

Les yeux ne sont pas seulement le miroir de l'âme, ils la modèlent. Et parce qu'ils se ferment lorsque la nouveauté s'efface et que la curiosité se lasse, il faut partir. Loin, si possible. Pour ne pas garder un oeil fixé sur ce que l'on connaît déjà. L'avantage, c'est que moi je n'ai qu'un oeil qui fonctionne, alors j'ai plutôt intérêt à me concentrer sur le versant nouveau et déstabilisant, par exemple pour tenter quotidiennement de ne pas mourir écrasée au coeur de la folie de la circulation delhite (this is challenging enough).

Les yeux grands ouverts (ou l'oeil grand ouvert), j'avance, j'explore, je m'égare parfois, et je change. Tout est tellement intense dans cette Inde qui se dévoile que ses visages me hantent même les yeux grands fermés. On me verra toujours ici comme une étrangère, mais ce que les Indiens ne perçoivent pas, et qui fait la richesse de mon séjour, c'est qu'ils modèlent mon regard sur leur pays autant que mon regard sur moi-même. Peut-être aussi le regard des autres sur moi, après.

Je suis un funambule glissant sur un fil tendu entre mon pays d'origine et quelque île imaginaire perdue je ne sais où dans les limbes de l'à venir.
Mon ciel n'est jamais le même mais les constellations presque ironiquement toujours identiques me rappellent que mon univers est au moins limité par la sphère toute bleue qui flotte au milieu d'autres planètes.

Mais je veux la parcourir cette sphère et avancer et changer comme l'eau qui est tour à tour océan glacier pluie murmure et chant. Mes yeux et mon âme à la fois s'empliront de ce que j'ai vécu, en espérant que je devienne une meilleure personne. Et peut-être aussi que je comprenne ce que je fais debout sur cette sphère bleue.



mardi 15 septembre 2009

Saucissoooooooon !!!

(8) ...Il est arrivééé le divin coliiis... (8)


Et pas que du saucisson, aussi du pâté, des truffes, du chocolat, un MP3, un jeu de tarot, de la confiture...... Merci Maman ! Happy happy day ! Et pas que pour ça =)

ऋषिकेश (Rishikesh)

Un voyage sous le signe de l'eau et de l'air. Quand on rêve de l'horizon et qu'on a la nostalgie de l'ailleurs, un tel voyage a de quoi faire rêver, surtout après trois semaines coincée à Delhi, avec ces derniers jours les aléas de la mousson, quand la pluie tombe sans interruption pendant trois jours, effaçant les traces de la vie de dehors mais aussi effaçant la frontière entre dedans et dehors. Oui, cette fois, il pleuvait VRAIMENT dedans, et pas seulement des petites infiltrations. Direction Rishikesh donc, à quelque chose comme 7h de bus de Delhi. C'est une ville sainte située sur les bords du Gange - enfin quelque chose d'hindou ! Parce que les musulmans ils sont sympas, mais on en rencontre partout, et puis Delhi est une ville moghole avec une majorité de monuments historiques musulmans. Départ par le bus de nuit, un vieux truc tout pourri dont la forme, l'odeur, la luminosité me rappelaient un cercueil roulant. Trajet non sans encombres, non sans retard, mais bien sûr sans sommeil, puis arrivée en début de matinée à Rishikesh, drôle de ville penchée sur le Gange, avec ses quartiers curieusement étalés de part et d'autre du fleuve mais rejoints par deux ou trois passerelles fréquentées par une foule hétéroclite de pélerins, d'ascètes, de touristes "normaux", de hippies, de motos, de singes... Nous devions être à l'origine deux Françaises et un Allemand, mais finalement notre groupe a gonflé avec plusieurs rencontres françaises... Eh oui, quand je vous disais qu'il y en avait partout en Inde ! Nous avons trouvé une guesthouse vraiment... vraiment.. vraiment... bien située, grâce aux conseils avisés du Routard qui sur ce coup-là est mon pote... Chambres petites mais propres, mais surtout, en plein coeur du très sympathique quartier de Lakshman Jhula, et surtout-bis, avec une terrasse dominant un méandre du Gange, avec vue plongeante sur ses flots larges et sinueux, et sur les temples aux fondations proches de l'eau.

Allongés sur le toit, on pénétrait des yeux les filets d'étoiles, comme dans une réminiscence du Cachemire. Séjour d'à peine quelques jours, un long week-end, empli d'achats (j'ai été prise d'une frénésie aiguë, compulsive, d'acheter tout ce que je voyais, mais je me repens...) et d'explorations diverses.

Le premier jour, promenade dans Lakshman Jhula, errance (longue) dans la ville pour retrouver une amie et des amis d'amie (ne jamais se donner rendez-vous devant une statue de Shiva), squattage du "Ganga Beach Restaurant", alanguis sur des coussins, juste au-dessus du mugissement du Gange. Le lendemain, rafting sur le Gange (qui nous a d'ailleurs donné l'occasion d'être victimes d'une peu subtile arnaque), baignade tout habillés et équipés dans ce même Gange, arrêt sur une plage de sables mouvants dominée par un vieux temple désormais fermé mais sans doute squatté par quelques ascètes... Le rafting, c'est rigolo, c'est humide. Après, il a fallu porter nous-mêmes le bateau (un peu lourd...) dans un étroit escalier serpentant jusqu'à Lakshman Jhula, les pieds glissant dans les excréments humains et d'autres choses encore moins recommandables. But this is India, pour le meilleur et pour le pire. Ensuite nous voulions aller voir une cascade dans les collines envahies par la jungle. Il a fallu pour ça marcher un petit quart d'heure pour trouver une jeep, trempés et respirant une odeur peu orthodoxe, même chez les hindous :D Puis, after having been dropped by the jeep, longue marche à travers la jungle de fougères. Ca grimpait ! Et là, entre les arbres, au bout d'un chemin presque effacé par la végétation et l'humidité, dominée par des pans de montagne qui ne feraient pas tache dans l'horizon de Tarzan, la cascade. Ce fut bien sûr l'occasion d'une petite partie d'escalade ! Et puis aussi d'une douche à inspiration ayurvédique, tout habillés sous la cascade.

Et ensuite, il a fallu redescendre, reprendre la jeep, retraverser Lakshman Jhula, tout ça encore plus trempés qu'à l'aller ! Une douche plus tard, ce fut retour à Ganga Beach Restaurant pour fêter l'anniversaire de Charlotte, d'une de nos fières compatriotes (mais un peu bâtardée par du sang anglois). Ambiance assurée grâce à nos rires tonitruants, à une danse indienne effectuée par Christie qui a ensuite laissé la place à un break dance assez particulier, auquel même les autres Français et quelques Indiens du resto se sont joints ! Puis fin de soirée à parler et rêver sur le toit entre le Gange et les étoiles... Le dernier jour eut pour seul tort d'être le dernier jour. C'est pas marrant de retourner à Delhi après ça... Massage ayurvédique, henné, errance dans les quartiers hindous, promenade sur les ghats à l'heure de la prière, quand la nuit tombe soudain sur le fleuve et que des lampes sacrées s'écoulent au fil de l'eau, au son des prières sanskrites...

Je me console en me disant que le prochain voyage est tout près : Jaisalmer dès jeudi, ou du moins j'espère, vu la difficulté à trouver des billets ! Photos bientôt, dès que j'aurai récupéré les images de tout le monde (eh oui, je suis privée de boîte à images...) !

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Ca y est ! Comme promis voici quelques photos. Evidemment ce ne sont pas les miennes, donc tous les compliments que vous voudrez faire dessus seront crédités à Marine ;-)

vendredi 11 septembre 2009

"You may say I'm a dreamer, but I'm not the only one"

Après la petite parenthèse convalescente et pas mal de temps à contempler les murs de l'appart - ou plutôt l'eau qui s'infiltre à travers tous les murs de l'appart (il pleut, me croirez-vous ?), je reprends le chemin de l'ailleurs. Direction Rishikesh en bus de nuit sans clim et sans sièges inclinables, mon travail d'exploration par strates continue :-D

Retour lundi ou mardi, ça dépendra de combien de bus on trouve pour rentrer, et du pouvoir de séduction que cette ville, ville sainte hindoue, haut lieu du yoga, pourra avoir sur nous. Les Beatles peuvent déjà en donner un petit témoignage : http://www.thebeatlesinindia.com/TBII_Images/ (très beau site, d'ailleurs !)


फिर मिलेंगे !
PS : et une jolie découverte, qui circule déjà pas mal sur plusieurs sites, mais que j'avais envie d'avoir maintenant, ici.


mercredi 9 septembre 2009

Something in between

Hier, soirée fort surprenante avec quelques visages connus plus trois Indiens très riches et fans de rock, musiciens de leur état entre autres, buveurs invétérés, gaspilleurs d'argent inguérissables. L'un deux se prenait pour Jim Morrison et collectionnait le bon vin français dans son frigo, donc une ou deux bouteilles furent dégustées sur son rooftop dominant les enfilades de toits d'un quartier chic de Delhi.

La découverte de la soirée, c'est ça :
http://www.youtube.com/watch?v=YJV07LMLS4o

Les citations de la soirée (récupérées sur la carte du bar), c'est ça :
"I feel sorry for people who don't drink : when they wake up in the morning that's as good as they are going to feel all day" (Frank Sinatra)

"The problem with the world is that everyone is a few drinks behind" (Humphrey Bogart)

"I would give all my fame for a pot of ale and safety" (William Shakespeare)

"Gimme a pigfoot and a bottle of beer" (Janis Joplin)

"Why do I drink ? So I can write poetry" (Jim Morrison) {celle-là, elle est exprès pour Marine !}

"Drink to me" (Pablo Picasso, his last words)

"Alcohol is a very necessary article. It enables Parliament to do things at eleven at night that no sane person would do at eleven in the morning" (George Bernard Shaw)

"I prefer to think that God is not dead, just drunk" (John Marcellus Huston)

lundi 7 septembre 2009

Saawariya


Juste un petit mot pour dire que j'ai bien reçu un certain message, et que la fleur de Myosotis à la lueur de clair de terre aurait bien voulu aussi partager ce beau moment... Mais après tout, même loin, je le partage quand même, car ce qui n'est qu'images en France est appel plein à tous les sens en Inde. Il faudrait que je trouve ce DVD moi aussi, et que j'expérimente cette fois cette magique nostalgie avec un nouveau ressenti, celui d'être maintenant indienne, un peu.

samedi 5 septembre 2009

Explorations (in-)hospitalières

En rêve, je suis quelqu'un qui profite de son séjour en Inde pour explorer *tous* les aspects de la vie ici, sans exception et sans préjugé. DE FAIT, je me devais d'explorer le système hospitalier indien. Et pour ce faire, quoi de mieux qu'une incursion dans un hôpital ? Bien sûr, cela requiert un certain déguisement et une stratégie évoluée. Alors, pour vous mes chers amis lecteurs et lectrices, une infection et des douleurs passablement insupportables plus tard, je me suis introduite dans le système par la petite porte, un petit health center à la fac, pour aboutir à un bâtiment beaucoup plus important, un grand hôpital privé. Laissez-moi vous faire le récit de ma mission (accomplie).

Tout a commencé (peut-être), par un plat chinois consommé dans une petite canteen sur le campus, et qui peut avoir été l'origine, la source, l'épicentre du séisme qui a secoué ma vie ces derniers jours. Hum... ou quelque chose de plus nuancé. Quoi qu'il en soit, la douleur a assez logiquement commencé dans l'abdomen. Après une nuit blanche et une journée noire, ça allait mieux, jusqu'à ce que dans la nuit suivante la douleur atteigne les reins et m'empêche à nouveau de dormir. Une journée de fac a suivi anyway, quelques cours intéressants, une rencontre vraiment génialissime avec une Japonaise étudiante à la JNU, une première incursion dans l'univers de la bibliothèque poussiéreuse (mais néanmoins prestigieuse - et ça rime) de la fac avec une de mes colocs, une énième tentative avortée pour m'inscrire dans cette même bibliothèque... (je ne livrerai pas ici mes états d'âme administratifs ;) ) C'est au moment de partir de la fac, en parcourant à pieds la longue route goudronnée qui conduit à la main gate du campus, que mon vrai plan d'action a commencé. La douleur cette fois dans la poitrine m'empêchait de marcher, et en quelques secondes j'ai été entourée d'Indiens empressés, tous, sans le savoir, étant des agents dormants, indispensables à la réalisation de mon plan. "You think you can seat on a bike ?" "Euh... là tout de suite... nan..." Finalement, ce sera une voiture qui m'emmènera au health center de la fac. Première étape. Je n'ai malheureusement pas été très conscienscieuse dans ma tâche d'observation des locaux, rapport sans doute aux deux doses d'antidouleur qu'ils m'ont fichées dans les deux épaules - j'avais vaguement l'impression d'être un de ces éléphants chassés par des méchants adeptes du safari barbare, descendus au fusil à pompe. Examen sommaire, quelques questions dans un anglais approximatif. "The ambulance is coming". Ahahah. M'en fous, je plane. J'ai eu la chance dingue d'être avec ma coloc Justine quand tout ça est arrivé, et en plus on a croisé un bon ami à ce moment-là, qui est aussi venu avec moi. Bref, l'ambulance a fini par arriver, et c'est là que mon boulot d'observatrice-analyste a repris : une jeep toute cabossée avec le logo de JNU, dans laquelle ont aussi embarqué des étudiants censés aller se soumettre à un test swine flu.

Tuduuuum. Vous êtes arrivée au paradis. Vous préférez un steak ou un plat de lasagnes ? Clignement d'yeux, tension d'oreille. Non, raté, c'est pas encore le paradis, c'est juste "Holy Angels Hospital". Flou artistique où j'ai encore failli à ma mission. Un oeil entrouvert seulement, pour voir les salles d'attente à peu près propres, le cabinet de consultation, la petite croix en or au cou des infirmières apparemment sélectionnées entre autres sur des critères physiques. En bref, un grand flou pendant plusieurs heures, vu que les Anges Sacrés m'ont aussi ajouté des doses d'antidouleur, autant dire que j'étais loin, très loin, presque au niveau du snack du paradis qui sert du steak et des lasagnes. Des radios, des prélèvements, pas grand chose d'intéressant. Dommage par contre que je n'aie pas eu d'appareil photo pour immortaliser la blouse immense, un peu dégueu, aux carreaux vichy rouges et blancs, dont on m'a revêtue pour les radios, et pour prendre aussi l'appareil lui-même, produisant une étrange impression de vétusteté et de futurisme. Piqué à Dark Vador ou alors racheté au marché noir après la chute de l'URSS, suggestion de ma coloc. Le soir même, encore blindée d'antidouleurs, et sans grande information sur ce que j'avais, je quittais donc les Holy Angels pour mon petit chez moi, avec des médocs donnés au compte-gouttes (pas de gaspillage comme chez nous... A suggérer aux pharmacies françaises ?) et un rendez-vous le lendemain avec un médecin sympa, anglophone, à lunettes ovales. J'aime bien les lunettes ovales.

Le lendemain bien sûr c'était pire, sans parler de la nuit. Back to the Holy Angels ! Vous croyez que je pourrai avoir des lasagnes cette fois ? Même pas. Damned. La meilleure partie, ç'a été le trajet en rickshaw avec mon autre coloc, Marine, en pleins embouteillages, en pleine chaleur aussi, pour aller à l'hosto ! Je mérite une médaille du nouveau combattant pour ça, sans blague. Le Vietnam c'est rien à côté. J'ai été immédiatement hospitalisée, mais avec toujours la présence rassurante de Marine à mes côtés. Au bout d'un moment, elle m'a collé mon portable sur l'oreille, et j'ai vaguement entendu que j'allais être transférée dans un autre hôpital, avec lequel mon assurance a des accords et surtout... qui est plus réputé, plus propre, plus cher, plus pour moi quoi, Blanche que je suis. Et puis je me suis dit, chouette alors, une chance d'explorer une plus grande marge des hôpitaux indiens !

Nouveau trajet en ambulance, mais une vraie cette fois. Marine m'assure que ça n'a pas duré cinq minutes, mais pour moi ça a duré une éternité. Assez longtemps au moins pour remarquer que ces infirmiers-là, leur blouse bleue et blanche est impeccable, et qu'ils parlent un anglais plus que correct. "Pain in the chest ? - No no ça va là, je vais bronzer un peu sur la plage, par contre j'aimerais vraiment bien manger des lasagnes..." Youpyoup, Fortis Hospital, hôpital de luxe, tout pimpant, tout neuf, tout sikh. Là encore, un grand flou dans la succession des événements. Quelques tests encore, censés être plus précis que les précédents, puis une chambre rien qu'à moi, avec un lit bien confortable, une télé, un canapé, une grande salle de bains où le moindre grain de poussière sur le carrelage serait une insulte au génie du ménage (les Hindous doivent bien avoir un dieu rien que pour la poussière ou pour le ménage, il faudra que je checke). Un défilé de médecins et d'infirmières portant tous un masque "contre" la grippe porcine. Entre nous soit dit, c'est assez marrant un masque sur une tête barbue portant turban.

J'ai dû rester pour la nuit, Marine est restée avec moi, et j'ai eu aussi la longue visite d'un ami indien, real blessing. Les résultats sont arrivés le lendemain, toutes les radios et les tests étaient normaux, ils ont trouvé seulement une infection, mais ça merci je m'en doutais ! Je devrai donc me contenter, comme diagnostic, de "Acute viral illness with gastritis". Je trouve ça super glamour !

J'ai eu le temps de savourer quelques éléments particulièrement intéressants :
- Un test swine flu effectué par une espèce d'infirmier qui a enfilé son équipement spécial (combi, avec capuche, machins à mettre par dessus les chaussures, masque, lunettes, gants) APRES être entré dans ma chambre (j'offre un voyage sur Mars en montgolfière à celui qui me démontre que non, ce n'est pas débile).
- Un régime alimentaire particulièrement recherché : non pas un, ni deux, ni trois, ni quatre... (bon j'arrête !) ...mais bien NEUF repas par jour. D'abord, le petit déj', un peu de thé d'Assam, mini tartines de beurre et deux trucs dont je ne veux savoir ni le nom ni la provenance. Puis, une banane. Puis, une bolinette (un petit bol) de soupe. Puis, le dîner (sans sel). Puis, le thé. Puis, une bolinette de soupe. Après, je sais pas, j'ai déserté.
- Une vraie douche à l'eau CHAUDE. Ma première depuis que je suis arrivée en Inde ! Et là, sans rire, j'ai adoré.
- Une télévision avec des centaines de chaînes à Indiens. De la pub pour Indiens, des clips pour Indiens, des soap operas pour Indiens... Moi qui trouve ça plutôt savoureux, c'est devenu carrément écoeurant. Je suis devenue reine de la zapette (que j'ai bloquée 3 fois, c'était rigolo de faire revenir le technicien à chaque fois). Pour le plaisir, petite sélection rien que pour vous, récupérée péniblement sur Youtube :
* http://www.youtube.com/watch?v=dBc_gm5ci2E : Hrithik Rochan et ses mouvements psychédéliques.
* http://www.youtube.com/watch?v=F5W37ter-vg : un Tom et Jerry comme quand j'étais petite !!
...Et beaucoup d'autres que j'aurai peut-être l'énergie de chercher demain.

Pour finir, j'ai dû bagarrer un peu pour sortir parce qu'ils voulaient me garder un jour de plus, mais finally, j'ai eu trop envie de respirer l'air libre (et si frais à Delhi). J'suis allée fêter ça en allant manger italien, peu importe le prix, tomates mozza, gnocchi, tiramisu, avec un tel plaisir, presque de l'euphorie, de me sentir aussi bien et de manger de la nourriture-presque-italienne-servie-par-des-Chinois. Bilan de mon exploration ? Positif. Et loin des stéréotypes sur la médecine du "Tiers-Monde". Il faut dire aussi que je n'étais pas dans un hôpital pour le commun des Indiens... Enfin bref, je vais très bien, et je remercie tous ceux qui m'ont entourée, surtout mes colocs =) Dodo now, moi récupérer et repartir en explorations - un peu plus touristiques - demain. Ou alors rédiger mes tutorials.

mardi 1 septembre 2009

And your face was revealed out of the blank paper

Une bonne dose de temps et un grand renfort de sortilèges, voilà ce qu'il faut pour forcer le papier à révéler ton visage. Le bloc de papier à dessin est à la fois grand, léger et encombrant. A la surface de la feuille beige à grains que je détache pour rechercher ton visage, mes doigts glissent et distinguent des petites entailles, de fines griffures qui se superposent comme un prétentieux palimpseste : l'ombre de tous les dessins précédents, ces visages croisés au fil de mes voyages. Je taille mes crayons, et la sciure s'enfuit sur le carrelage au gré de l'air brassé par le ventilateur de plafond. J'inspire profondément et je commence. Doucement d'abord, parce que je ne veux pas graver les erreurs d'un premier jet dans le papier. Une chanson de Renan Luce dans les oreilles. Mon crayon erre dans les limbes, je pense à un roman que j'ai lu dans mon enfance, où il y a une fille du désert enveloppée de sombre qui s'enfonce dans la nuit pour partir sur les traces d'un fennec. Finalement je trouve la forme d'un oeil, mais je ne saisis pas le regard, qui reste dans la pénombre. "Tu veux du riz ?" Je sursaute. "Pas faim". Ma coloc hausse les épaules. Je relie entre elles de petites étoiles qui rient et virevoltent, se refusant à se laisser prendre au filet de la forme définitive. Tiens, Renan Luce a été remplacé par Janis Joplin... Le mode random fait parfois des transitions étranges.

Le hasard gouverne aussi le tracé de ma main qui s'énerve de ne pas trouver les bonnes lignes ou les bons reliefs. Je jette un nouveau sort qui agit un peu trop bien et efface les bonnes comme les mauvaises lignes. Je bous intérieurement, et là en plus c'est pas des blagues, parce qu'en vrai, il fait trop chaud dans l'appart. Une petite rasade de Pepsi, la boisson du brave, en admirant du coin de l'oeil la tenture ronde brodée de miroirs indiens qui suffit à elle seule à transformer cette chambre en un petit foyer, et je réessaye. Plus je me concentre sur ton visage et plus il recule dans mon esprit, la mise au point ne se fait plus. Je ne vois plus que certaines expressions isolées. Kaléidoscope. Le tissu brodé fixé sur le mur ondule au gré du ventilo, les miroirs et les paillettes dorés scintillent et s'évanouissent. Alors je ferme les yeux et je tente un nouvel enchantement, tout simple. Je laisse venir à moi un souvenir précis de toi, et quand il arrive face à moi, je lance un filet qui en emprisonne l'essence. Les contours sont encore flous, mais ça y est, j'ai trouvé l'expression, la chaleur des traits, le plus important en somme. Cette fois le mode random a déniché une chanson de Three Doors Down, dont le rythme soutenu et les lourdes basses m'encouragent. Tiens, j'ai un peu faim cette fois. Il reste un peu de riz.

Maintenant que je sais où je vais je n'ai plus besoin d'apprivoiser les petites étincelles qui s'enfuyaient tout à l'heure de la ligne juste. Le riz est un peu gluant et trop chaud, il me brûle la langue. Je remplis les blancs et j'affine les lignes, je corrige tous les détails qui mentent. Mes jambes sont un peu engourdies, je profite de ce moment de satisfaction pour les étendre et me rends compte qu'elles se sont affinées, rapport au régime alimentaire indien sans doute (mon royaume pour un repas dans un bouchon lyonnais... Ou pour une tartiflette... Ou pour une tarte aux pommes... Ou pour un gâteau au chocolat préparé par Elodie...). Le dessin a colonisé l'espace blanc de la feuille qui maintenant ne paraît plus exagérément grande, mais juste de la taille qu'il fallait pour accueillir un visage qui se refusait à se montrer. Random toujours, cette fois, ambiance rétro romantique "It's still the same old story / A fight for love and glory / A case of do or die / The world will always welcome lovers / As time goes by...". Les mots de Sinatra sonnent décalés, et même plus, obsolètes, ou alors je ne vis pas dans le même monde. Je reviens à mon rectangle de papier cartonné. Juste ce qu'il fallait.