Et maintenant, je suis ici :

dimanche 24 janvier 2010

Journee culturelle

Il faut avouer que pour une journée censée être dévolue à la Découverte et à la Connaissance, elle a commencé avec bien peu d’énergie. Il faut dire que c’était dimanche ! Double petit déjeuner, peut-être même triple, avec d’abord choley badhuri sur le campus, tchai sur le chemin avec un ami rencontré par hasard, et brunch à la maison avec amis et colocataires. Ca devait être une journée particulièrement enrichissante et totalement indienne, avec d’abord un petit tour au temple hindou pour que Christie puisse prier (et élever sa kundalini, bien sûr) et que les autres puissent visiter, puis projection du Mahabharata de Peter Brook au India International center, et enfin spectacle d’odissi, danse classique de l’Orissa, la danse que Christie est en train d’étudier. Il est souvent question de Christie ici… Il faut dire qu’elle a une présence un peu envahissante ! =)

Mais voilà, au moment où l’on s’est dit « Il faudrait qu’on bouge… » il était déjà 15h… Fi donc du passage au temple, et direction le Mahabharata, quatre heures de film d’une mise en scène plus que partisante des paris osés. Il nous a fallu lire après coup ma version abrégée du Mahabharata, le grand poème fondateur de l’hindouisme, pour y comprendre quelque chose. Peter Brook a largement sélectionné, et son film parle essentiellement de la bataille mythique entre les Kaurava et les Pandava, ces derniers étant exilés pendant douze ans par les premiers après une partie de dés truquée et essayant de reconquérir leur royaume. Néanmoins les acteurs sont excellents et les décors et costumes de l’Inde primitive très réussis. La première partie est prenante bien que déroutante, la seconde plus ennuyeuse à mon avis. Peut-être aussi parce que pendant la seconde partie j’avais à ma droite un papy qui ronflait et et devant moi un papy à béret qui me forçait à me dévisser le cou pour voir l’écran.

Ensuite donc, direction le spectacle d’odissi. Costumes chamarrés et lourdes parures d’argent, postures rondes et féminines bien que très énergiques et ancrées sur le sol, musique dont la principale partie est tenue par une voix scandant des phrases très rythmiques et marquées par des percussions (vraiment) très aigues… Je ne connaissais que le bharatanatyam et le kuchipudi, mais l’odissi est vraiment une belle danse aussi. L’Orissa est d’ailleurs un de nos prochains projets de voyage… Je ne sais pas si on aura le temps de tout faire. La fin de mon année d’échange paraît si proche de ce côté-là des vacances d’hiver…


samedi 23 janvier 2010

Seule

Ce soir, pour la premiere fois depuis tres, tres longtemps, je suis seule. C'est vrai, j'avais oublie cette sensation. Je vis depuis le debut de mon sejour en Inde en colocation, et toujours aujourd'hui, dans mon nouvel appartement parfait a tous points de vue pour le reste du deuxieme semestre, avec le rire rassurant de Marine qui n'est jamais bien loin dans la chambre que nous partageons. Je sais que Christie, qui fait aussi partie des personnes qui me sont les plus precieuses ici, dort dans la chambre juste de l'autre cote du salon, et je devine les allees et venues d'Elliot, nouveau et adorable colocataire, par le grincement de la porte en fer et ses pas dans l'escalier, et par la vaisselle qui traine dans l'evier. Au quotidien, je cours un peu partout, fac, Munirka village (mon nouveau quartier !), shopping a Sarojini, sorties entre amis, projections Bollywood, voyages aux trois coins de l'Inde, et puis il y a Piyush, aussi. Alors voila, je n'ai ete seule que quelques heures en plus de six mois.

Ce soir, tout le monde est sorti, je suis restee, pour travailler - je crois. Je suis seule. J'avais oublie que j'aimais bien ca. Quand l'oreille devient sensible aux bruits minimes de l'interieur et de l'exterieur aveugle... J'aimais tellement m'asseoir sur le rebord de ma fenetre en France, la nuit, et simplement errer au gre du vent sur les branches et regarder la lumiere s'egarer a l'ouest. Ce soir encore, c'est l'ouest qui me regarde, depuis le petit balcon de la chambre qui donne sur les etendues de toits pauvres et delabres mais si pleins de vie le jour : ces enfants qui jouent au cricket et courent de terrasse en terrasse dans leurs vetements colores, avec leurs pieds nus qui battent le sol brut, ces grandes cordes a linge qui soutiennent des costumes traditionnels, salwar kamiz, kurta, vert, bleu, rouge, jaune, orange, et toutes ces couleurs qui se fondent dans la nuit calme. Silence. J'ecoute 'Tchinares' de Levon Minassian, mais pas pour meubler le silence, juste pour en profiter davantage, car ce morceau lui-meme parle de silence. Dommage que je ne puisse pas en profiter plus longtemps, je dois travailler. Oui, dois.

Delhipost

Juste pour dire que dès qu'Internet est installé dans mon nouvel appart je poste pleiiin d'articles !!!

samedi 9 janvier 2010

Balade

Si vous voulez faire un tour du côté de la Nouvelle-Zélande, allez donc jeter un oeil aux articles du 25 et du 31 décembre. Comment ça, pourquoi j'ai triché sur les dates ? Ca fait plus cohérent comme ça. Et puis, j'aime bien les jeux de piste.

vendredi 8 janvier 2010

Opéra sous la couette

Dehors, le froid, le brouillard, et la pollution et la circulation, toujours. Dedans, le froid aussi. Il a fallu expliquer aux Indiens que même si notre hiver est infiniment plus froid que le leur, on en souffre beaucoup moins parce que tout est bien isolé, chauffé, confiné. Nostalgie d'après-midi désoeuvrées au coin de la cheminée. Je m'en autorise une au coin du radiateur d'appoint que je viens de m'acheter, enveloppée dans mes couvertures, blottie dans une grosse chemise d'homme en coton achetée à Sarojini market. Tout est allé très vite depuis que je suis rentrée de Nouvelle-Zélande, m'inscrire à la fac, retrouver mes amis, m'en faire des nouveaux, dépenser des sous dans les marchés de rue pour des vêtements chauds, sortir presque tous les soirs pour voir les magnifiques concerts organisés dans le cadre du festival Bonjour India. Hier, c'était musique africaine, et, clairement, Dobet Gnahoré est un nom que je vais garder en mémoire. Je vais aussi continuer à me féliciter du choix de mes amis en Inde, cette bande de joyeux fous un peu idéalistes qui ont commencé à danser au milieu de l'auditorium et qui nt fini par entraîner tout le public avec eux. Je le dis : main Bharat me bahut (bahut !) khush hum ! Et le jour d'avant, c'était soirée opéra, poursuivie avec les artistes au restaurant. Alors je me remets à écouter de l'opéra, je youtubise, et je trouve ça. Elles sont divines.



vendredi 1 janvier 2010

Happy new year !

Je suis de retour en Inde ! Le voyage de retour a paru plus court que l'aller (même si mes jambes gonflées et endolories protestent du contraire), Auckland-Sydney-Dubai-New Delhi. Comme j'ai pris mes billets d'avion presque au dernier moment, grâce à l'efficace organisation de la fac indienne qui donne les dates d'exams deux semaines avant, le seul moyen d'avoir un billet à un prix raisonnable était de voyager dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier - pendant que tous ceux de mon génial groupe de voyage étaient au festival de musique de Gisborne... Does THAT sound fair ? J'espère qu'ils se sont bien amusés, j'vais leur envoyer un message pour savoir, et pour les remercier aussi. Je ne connaissais que Fabien et Lucie mais j'ai fait la connaissance de leurs autres amis, ce qui se solde par de très belles rencontres, de magnifiques souvenirs et... une invitation en Allemagne et à Hong-Kong ! Le voyage de réveillon, donc, c'était pas mal, à part que je n'ai pas eu droit à ma rêvée distribution de champagne ni même de chocolats... Quelle bande d'affreux rapias ! Bon ok, il ne fallait pas trop en demander. Emirates Airlines, ça reste très classe, et il y a quand même eu une bonne surprise : le dernier vol, Dubai-New Delhi, je l'ai effectué en... première classe ! Ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien, j'ai bien demandé confirmation à une hôtesse pour mon numéro de siège mais j'ai évité de demander trop d'explications de peur qu'on me dise que c'était bel et bien une erreur et qu'on m'expédie à l'arrière du cockpit en seconde...

Comme d'habitude, j'avais prévu de lire un gros bouquin pendant le voyage mais je me suis retrouvée assommée d'un coup de flemme et j'ai regardé 5 ou 6 films... J'ai enfin vu "Kaminey", qui n'est pas aussi bien que ce que j'imaginais, mais quand même, Shahid Kapoor... J'ai redécouvert Mary Poppins, et renoué avec le film noir, avec "Le grand sommeil"... Et puis j'ai eu le temps de pas mal réfléchir à ces six mois déjà écoulés loin de France. La Nouvelle-Zélande, un rêve de gamine qui se réalise déjà alors que je ne suis pas encore beaucoup plus qu'une gamine... Un très beau voyage. Je me posais un peu plus de questions sur l'Inde, un peu angoissée à l'idée de retrouver l'hiver delhite et les habituels embouteillages, racisme, discrimination, pollution. Avais-je vraiment envie de faire ce second semestre ? Je ressentais une telle sensation de paix et de plénitude en Nouvelle-Zélande... Alors l'idée de retrouver les rickshaws, la bouffe super-épicée, les chiffres de population délirants, tout ça sans transition, ça ne me rassurait pas. Mais finalement, arrivée à Indira Gandhi internationl airport, je n'ai pas ressenti cette angoisse attendue. Au milieu de tout ce fracas et ce désordre de couleurs, je me sentais presque chez moi. Comme l'a dit Lucie, "je ne pourrai jamais me sentir vraiment chez moi dans un pays qui me rappelle tous les jours que je suis étrangère". Mais ça ressemblait quand même à un retour au pays. Et je me suis rendu compte du chemin parcouru : en juillet, arrivée à Delhi, quelle angoisse, d'un coup ! Ou plutôt, un esprit déconnecté, qui s'est rendu compte des réalités lorsqu'il s'est retrouvé seul dans un dortoir d'auberge de jeunesse à Chanakya Puri. Je peux le dire maintenant, j'avais peur, tellement peur. Je me suis réveillée au milieu de la nuit et j'ai couru dans les couloirs déserts de l'auberge, je ne me rappelais plus où j'étais. Mais cette fois, je savais comment me débrouiller, tout m'était familier, et, différence la plus importante, cette fois, quelqu'un m'attendait.

Alors pour moi, l'année commence bien, et je souhaite à tous ceux qui me font encore le plaisir de me lire une excellente année 2010, pleine de rencontres, de découvertes et de sourires. D'ailleurs, ça, c'est la vraie question : y a-t-il encore des gens qui me lisent à ce stade de la course ?