Et maintenant, je suis ici :

mardi 30 mars 2010

Sombre songe


Le même rêve me revient à peu près tous les soirs en ce moment. Avec des variantes, mais toujours le même thème : je prends un vol pour la France, avec toujours bien des péripéties - une fois mon vol est annulé, une fois je dois traverser Delhi à pieds pour aller à l'aéroport... - puis j'arrive en France, tout est couvert de neige. J'ai apporté juste un sac en bandoulière, je ne sais même pas ce qu'il y a dedans. Je retrouve ma mère, je n'ouvre même pas les volets de la maison, et soudain je réalise que je dois repartir à Delhi, parce que j'ai cours deux jours plus tard. Et je repars.

En bonus, la nuit dernière, dans mon rêve je retrouve le réseau TCL tant révéré. Je n'ai plus d'abonnement bien sûr, et pas de monnaie pour payer, mais par chance il y a un nouveau système de distributeur d'argent dans les bus. Je veux retirer 50€, mais je me retrouve avec une gigantesque liasse de billets à la main, en roupies. Je retrouve ma mère dans le bus, je lui dis que même en faisant la conversion en euros il y a là bien plus que 50€, que je viens sûrement de vider mon compte en roupies, qu'il faut aller les redéposer sur mon livret.

Et toujours ce sentiment d'inaccompli, ce malaise quand il faut partir comme quand il faut revenir. Il fait trop chaud en ce moment, je dors mal.

vendredi 26 mars 2010

Bazar, couleurs


"Les couleurs sont des actions de la lumière" (J. W. von Goethe)


jeudi 18 mars 2010

Sur les rails

Ca commence à aller mieux, ces histoires administratives. Je suis en contact régulier cette fois avec professeurs et secrétaires, et surtout avec ma responsable de master à qui je dois une fière chandelle d'avoir eu la patience de m'envoyer 5 mails de suite pour m'expliquer comment calculer les crédits (sachant que pour cette même information j'avais envoyé 2 mails en anglais, 3 en français, pris rendez-vous avec ma responsable de master indienne, perdu 1h dans trois bureaux indiens différents. Le temps de la coordination universitaire internationale n'est pas encore venu). Elle me soutient au point de me relancer si je ne réponds pas en deux jours et de me remotiver pour finir mon master recherche à Lyon 2, motivation que je croyais avoir depuis longtemps perdue et enterrée. Rappelez-moi de lui rapporter quelque chose d'Inde, je sais pas encore quoi, mais quelque chose de bien.

Ce n'était pas gagné d'avance car nous nous sommes rendus compte que trop prise par mes aventures administratives indiennes (3 semaines pour obtenir mon permis de séjour, 2 semaines pour trouver un appart, 2 semaines pour arriver à m'inscrire, qui dit mieux ?) j'avais laissé de côté des démarches élémentaires à Lyon 2 comme le contrat pédagogique et le dépôt de sujet de mémoire. Sans ça, on n'est officiellement pas inscrit en master. Et le dernier délai était le 30 octobre. Héhéhé. Mais Lyon 2 ne me lâche pas et Lyon 2 est à l'écoute, qui l'eût cru. Et c'est en bonne voie. D'ici quelques jours je vais pouvoir me concentrer exclusivement sur mon mémoire.

Et d'ailleurs je l'ai commencé, ce mémoire. J'ai trouvé les archives sur lesquelles je vais travailler, des archives communistes conservées à Delhi, qui ont le gros avantage d'être en anglais, pas en hindi (je commence à mieux le parler, mais alors le langage officiel des archives, je pige pas), ni en tamoul, penjabi, urdu et bien d'autres encore. Lorsque j'ouvre des registres poussiéreux au milieu des étagères de bois sombre couvertes de papiers et pleines de tiroirs branlants, de grands portraits de Nehru, de Marx et de Gandhi veillent sur moi. Avec ça, il serait vraiment surprenant que je n'arrive pas à faire quelque chose de bien. Je m'intéresse toujours énormément à l'histoire religieuse, ici d'autant plus, et justement il y a des documents sur le rôle des musulmans dans les organisations communistes œuvrant pour l'indépendance, ce qui est d'autant plus pertinent que la date de l'indépendance correspond à celle de la création de l'état islamiste indépendant du Pakistan. A suivre...

Vous avez remarqué ? Je parle d'université, de crédits, de cours, de mémoire. Vous aviez l'impression que je ne faisais que voyager, et maintenant vous avez l'impression que je ne fais plus qu'aller en cours. Je dirais plutôt que jusqu'à il y a quelque temps, les voyages que je faisais étaient la chose la plus intéressante que j'avais à raconter. Maintenant, je n'ai plus le temps de voyager du tout, et je redécouvre le quotidien banal d'une étudiante de master, ce qui n'est pas beaucoup plus excitant qu'à Lyon. Mais entre le moment où je finirai mes cours à JNU et celui où je m'embarquerai pour la France (je pourrai dire "J'embarquerai pour la France", mais je trouve que "Je m'embarquerai pour la France" illustre mieux la force de volonté qu'il va me falloir pour ça), je ferai sans doute mon plus beau voyage.

C'est le mois de mars, ça sent la fin déjà, un peu, mais pas trop. Je profite de la fin de la saison agréable, dans l'air pas encore étouffant, avec les étudiants qui ne se réfugient pas encore dans les bâtiments de cours ou dans leurs hostels jusqu'au coucher du soleil. Aujourd'hui, pour échapper à la chaleur du bitume de la route principale du campus, j'ai découvert un petit chemin serpentant au milieu des bougainvillées en fleurs, pourpre rose et blanc en grappes qui coulent jusqu'au sol. J'aime bien les détours agréables, mais la ligne droite jusqu'à la fin du séjour, je ne vais pas pouvoir y échapper maintenant que je suis sur les rails. A moi de bien remplir mon quotidien !

lundi 15 mars 2010

Trois mois

Il faut y penser et à la fois ne pas trop se projeter, et quand j'y pense c'est à la fois avec envie et avec grande appréhension, mon retour en France n'est pas dans si longtemps.

Je viens de gagner ma bataille téléphonique contre Go Voyages et British Airways : "Good afternoon could you give me information about how to modify the date of my return ticket" (réponse avec un accent indien incompréhensible) "Ma'am you have to turn to Go Voyages for this" (et là on se rend compte qu'il est impossible de joindre Go Voyages à part sur un numéro surtaxé en France, alors on envoie un mail, et on reçoit une réponse plutôt rapidement) "Seule la compagnie aérienne, dans votre cas British Airways, peut effectuer ce changement". Et ainsi de suite, trois ou quatre fois. Jusqu'à ce que je m'énerve et que je menace de pourrir leur réputation et de porter plainte. Et que je dise que c'est leur boulot de répondre à ma question clairement et de se renseigner s'ils ne savent pas. Et là, je reçois un mail mielleux du genre "Nous vous informons que ce changement EST POSSIBLE (sans blague, ils pensent me faire une faveur ?), quand voulez-vous partir, etc etc".

Je rentre, de façon officielle, avec tambours et trompettes, ou plutôt tablas et pungis, le 15 juin.

dimanche 14 mars 2010

मुंबई (Mumbai)

Avant de venir en Inde, pleine de préjugés bien que m'en défendant, je m'étais fait plus ou moins la promesse de ne jamais aller à Mumbai, la tête résonant encore de titres chocs dans les journaux après les attentats du 26 novembre 2008, d'images de pauvreté extrême prises dans "Slumdog Millionnaire" ou même simplement nées de l'expression "Mumbai abrite le plus grand bidonville d'Asie". Après quelques mois en Inde, finalement, j'ai appris que Mumbai, c'est loin de n'être que ça, et que même les Delhites jalousent le niveau de vie, le rayonnement culturel et l'urbanisme de Mumbai. Et donc, finalement, nous voilà avec Adrien et Marine sur la route (aérienne !) de Mumbai - ça commence bien, on s'est plantés d'aéroport et on a failli louper notre avion.


A l'arrivée, "Good morniiiiiiing Mumbai" pour faire plaisir à Marine (et à tout le monde après avoir vu "Munna Bhai"), c'est l'aventure attendue. Les embouteillages en périphérie sont monstrueux, il nous faut bien 2h30 pour rejoindre le centre, et là il est très difficile de trouver une chambre, et les prix sont exorbitants par rapport au reste de l'Inde. La longue errance en rickshaw nous aura au moins permis de voir un peu de la ville, avec un parcours cahotique en boucles rondes qui s'enchaînent - diabolique. Finalement nous trouvons une chambre excellemment située, à une rue du Taj Hotel (le luxueusement et tristement fameux à la fois) pour le modique prix de 1000 roupies. Le premier jour est occupé à se balader au hasard, malgré la fatigue du voyage en avion à quatre heures du matin, depuis la façade maritime de Colaba, le quartier où trône le Taj Hotel, jusqu'aux quartiers d'architecture anglaise, Police Headquarters (paraît que c'est interdit de prendre des photos, m'en fous, j'ai réussi à en prendre une avant de me faire virer), University of Mumbai (pas moyen de rentrer non plus, même en disant qu'on est étudiants à Delhi...). Je retrouve le plaisir de me promener dans une ville, plaisir depuis longtemps perdu à Delhi. Ici, les rues sont propres, fleuries, les allées plantées de palmiers, les trottoirs sont impeccables (et ne sont pas des pièges pour chaque pas que moi, pauvre créature maladroite, effectue). Quand il faut se déplacer autrement qu'à pied, ce qui arrive souvent vu le gigantisme de la ville, on prend un de ces taxis noirs à la suspension d'un autre temps, où le chauffeur aussi perdu que nous dans cette ville tentaculaire met le compteur sans rechigner - j'aime cette ville.


Le deuxième jour, Adrien et Marine partent pour la journée, voir la Victoria Station et se balader sur Marina drive (Marine s'y déclare chez elle), mais moi je ne peux pas sortir de la chambre d'hôtel, prisonnière de ce tutorial pour lequel je suis déjà en retard, il faut le finir et l'envoyer, mais j'ai mal à la tête sous le ventilateur dans cette chambre finalement exiguë. Par chance, si je sors la tête par la fenêtre et que je me tords le cou vers la droite, j'aperçois les toits ouvragés du Taj, et je fais face à la mer et à ses flots couleur d'ardoise.

Le troisième jour, virée en bateau ! Bon, c'est un peu
moins excitant et l'eau est un peu moins turquoise qu'en Nouvelle-Zélande (rappelle-toi Gaëlle, comparer, c'est mal). En fait, l'air est tellement pollué qu'on ne voit pas la ligne d'horizon, tout se mélange dans un triste fondu gris ! Et puis le bateau, bon, il y a de bonnes chances qu'il ne respecte aucune norme. Et y'a même pas de canots de sauvetage, argh. Mais passons. La destination visée est beaucoup plus excitante, elle : l'île d'Elephanta, ainsi nommée (je cite le Lonely Planet) parce que les Portugais à leur arrivée y auraient découvert une statue d'éléphant. Et il y a des CAVES. En français, caves ça donne cavernes, ou grottes, mais c'est pas vraiment ça. Pour être plus claire, je dirais que ce sont des temples creusés dans la roche. Ca pourrait être mystérieux s'il y avait moins de touristes. C'est au moins sacré, avec beaucoup de statues de Shiva et de Parvâtî, la femme parfaite. Au fait j'aimerais pouvoir m'expliquer pourquoi la femme parfaite est représentée plus petite que son mari. Mais il ne faut pas poser de questions.

Je pourrais m'y installer, à Mumbai. C'est bien
plus vivable que la plupart des villes d'Inde, et le niveau de vie est plus proche que celui qu'on connaît. Ca paraît superficiel, hein, juger une ville selon son niveau de vie, mais quel plaisir après un long séjour en Inde de soudain pouvoir se balader en ville, prendre un verre sur une terrasse, aller dans un club branché...

Et malgré tout, on croise encore quelques-uns des aspects les plus rudes de l'Inde. Sur le pont qui donne sur le dhobi ghat, fascinant lavoir géant où s'activent des dizaines de laveurs, quelques mendiants nous ont abordés, classique après tout, mais il fallu un bon moment ensuite pour ne plus avoir l'image de cet enfant lépreux aux moignons brandis et au visage déjà ruiné, et son sourire sauvage, celui de quelqu'un qui n'a rien à perdre, collée sur la rétine. C'est sur ce pont d'ailleurs qu'il a fallu donner les bénédictions de départ à Adrien, qui repartait pour la France avec un long voyage Bombay-Delhi-Amsterdam-Lyon.



Par la suite, Marine et moi, battantes toujours, prenons la direction de Malabar Hill pour visiter un magnifique temple jaïn et des jardins qui dominent toute la ville. Et ensuite (attention, révélation mystique !) nous allons voir le CENTRE DU MONDE ! Eh oui, ce lieu sacré, Banganga Tank, aurait été créé par la flèche de Lord Ram qui aurait percé la terre et créé ce bassin, d'où la profusion de temples tout autour.



Bien sûr un peu de shopping s'impose, surtout que deux jours après, c'est Holi, donc il faut se préparer en achetant des poudres de couleurs et des pistolets à eau - c'est un minimum. L'ambiance de fête règne déjà, les mains sont pleines de poudre rose, des enfants préparent les sachets pleins de pigments qui sont vendus tous les vingt mètres (sans exagérer). Et aussi, un sourire suffit à être accueilli et faire partie de la communauté Holi.

Alors finalement, seulement quelques jours à Mumbai, et des tonnes d'expériences nouvelles, dont je n'ai ici retenu que quelques-unes, dans cette ville si différente de ce que nous vivons à Delhi ou pendant nos voyages précédents. "Mumbai vitrine de l'Inde moderne", je confirme sans retenue, même s'il ne faudrait pas nous faire oublier que Dharavi, ce gigantesque bidonville, est à deux pas. En remontant tout Marina Drive en taxi, pour ensuite retraverser Mumbai et ses bouchons pour rejoindre l'aéroport, je longe la mer et je longe aussi des morceaux de vie qui s'alignent, ces familles qui passent l'après-midi sur la plage (mais pas question de sunbathing), ces pêcheurs aux barques échouées sur le sable sale, tous ces taxis qui slaloment vigoureusement, ces jeunes couples qui se baladent main dans la main (quel manque de pudeur !) sur la digue, ce mélange de vêtements traditionnels colorés et hétéroclites avec les vêtements occidentaux supposés branchés, modernes, pratiques, énergiques. En bref, cette étonnante pratique de la rencontre des extrêmes opposés qui est une telle évidence en Inde que ça devient un stéréotype de dire "tout est extrême et contradictoire" se résume avec vigueur ici.

dimanche 7 mars 2010

Quotidien et demain

J'en suis malade, de ce temps qui passe trop vite. Remplir ses journées de boulot, de rencontres, d'activités diverses, d'amis et d'amour est censé les lester, les rendre plus tangibles, plus réelles, je devrais pouvoir me dire "En effet ce temps passe mais je le remplis et je m'y retrouve". Mais non, c'est bien l'inverse, il n'y a rien de rationnel, vous gardez du lest dans votre nacelle, des tonnes de sacs de sable coloré récupéré un peu partout, et votre montgolfière glisse encore plus vite sur les vents d'Orient.

Plus que deux ou trois mois en Inde, maximum. Après la fin des cours, avant le retour brutal en France, j'aimerais voyager encore, le Népal c'est sûr, peut-être le Tibet, ou le Sri Lanka, avec mes amis, avec Piyush, ou toute seule, je sais pas. Avant, il faut que j'avance dignement mon mémoire. Et justement, ça n'avance pas, ça me fait un peu peur. Je sais que ce blog ne dit presque rien de mes cours à la fac, alors qu'il vous semble que ce devrait être l'élément le plus important de mon quotidien, et donc parce que je n'en parle pas il vous semble que je ne vais pas à la fac. Mais c'est faux. Ce qui est vrai c'est que je ne sais plus parler de "quotidien", car comment appeler "quotidien" (qui devrait se définir par "ce qui se répète chaque jour) mes jours ici ? La vérité c'est que j'ai énormément de boulot, énormément de problèmes avec Lyon pour arriver à se mettre d'accord sur les exigences de mon échange universitaire, et que dans tout ça mon mémoire est en attente.

jeudi 4 mars 2010

On self-invention

Je viens de lire "The Gospel according to Coco Chanel" de Karen Karbo trouvé par hasard dans un book-shop, entre une édition deluxe du Kâmâ-Sûtrâ et un guide de voyage pour la Turquie. Non pas que je sois une inconditionnelle de mode ni que je sois moi-même un bon exemple d'élégance innée, ni que lire ce bouquin ici et maintenant soit très cohérent - quoique, j'aime imaginer que moi en sarouel débraillé, les aisselles dégoulinantes de la chaleur de l'Inde, les cheveux huilés au jasmin et les tongs découvrant des ongles d'orteil au vernis écaillé, le tout avec dans les mains une biographie de la petite dame en robe noire aux crédos stylistiques intemporels, est une vision amusante voire rafraichîssante. Dans tous les cas, je retiens au moins ça :

"How many cares one loses when one decides not to be something but to be someone".

mardi 2 mars 2010

Tell me

Come into my life
Regress into a dream
We will hide and build a new reality

Draw another picture of the life you could have had
Follow your instincts and choose the other path

You should never be afraid
You're protected from trouble and pain

Why?
Why is this a crisis in your eyes again?

Come to be?
How did it come to be?


Aujourd'hui j'ai reçu deux mails qui m'ont bouleversée, secouée, je ne sais pas, je ne suis pas vraiment consciente. Dans l'ordre, d'abord un qui m'a appris la mort d'une camarade de lycée, que j'ai finalement peu connue à l'époque et avec qui j'avais perdu le contact depuis longtemps, et puis aussi un mail d'une amie très, très, précieuse qui me dit admirer et quelque peu jalouser la vie que je mène en Inde, mais qui me prévient que le retour sera dur. Je savais tout ça, la courte durée de mon séjour ici, et la fragilité de la vie en général, mais j'aime les oublier, et avoir l'impression que je maîtrise le temps. Mais non, non, non, et je ne suis pas grand chose. Pas de réponse, pas de conclusion pour ce paragraphe. Si quelqu'un en a une, qu'il me la donne.

Holi hai !!!

Oui, hier c'était bien Holi, comme en témoignent la peinture rose incrustée dans le pourtour de mes ongles, le vert dans mes oreilles (j'ai gratté, frotté, savonné, pourtant !), le bleu à l'arrière de mon cou (celui-là par contre, j'l'avais pas vu, je m'en suis rendu compte ce matin lors du dernier regard en coin dans le miroir avant de sortir de l'appart), comme me le rappellent aussi le tas de vêtements à jamais importables abandonné dans un coin de la chambre et la sensation générale (pas si désagréable) de fatigue qui vous envahit après avoir bu un peu de bhang lassi, la boisson illégale mais disponible partout - et même distribuée gratuitement partout sur le campus.

Holi, c'est vraiment la folie à l'indienne - notre prof de hindi affirme l'avoir fêté une seule fois dans sa vie tellement il déteste cette débauche de couleurs, de "saleté" et d'immoralité. La "fête des couleurs" célèbre l'arrivée du printemps après le long (!) hiver (!) froid (!) de Delhi, en une matinée de folie où chacun s'arme de pistolets à eau remplis de peinture liquide et de sachets de poudre colorée, et se précipite dans des lieux surpeuplés où l'ambiance générale rappelle une orgie médiévale. Ca ne dure que jusqu'à midi, sans doute parce que personne n'a assez d'endurance pour faire ça toute la journée, et aussi parce que la plupart sont trop stone pour simplement appuyer sur le gachette de leur Kalachnikov en plastique. En plus, le bhang, les couleurs dans les yeux et dans la bouche, le soleil qui se rappelle soudain qu'il faut taper pour ne pas faire mentir la réputation de l'Inde, ça vous laisse une telle sensation de soif que vous pourriez même boire l'eau de la Yamûna. Enfin non, je déconne. En fait il faut trouver un marchand de glaces et de bouteilles d'eau. Et comme Holi c'est un jour férié, tout est fermé bordel !