Bon, là, j'avoue que c'est une longue et pénible histoire. Nous ne retiendrons, pour la postérité, que les étapes et les moyens de transport qui en firent le croustillant et le côté inoubliable - aïe.
Il faut d'abord souligner que le fait de renoncer à un trajet en avion pour le remplacer avantageusement par une aventure terrestre n'est pas un simple choix logistique : c'est un drastique changement de mode de vie. Entrons maintenant dans le vif du sujet.
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Etape 1 : Tansen-Butwal. Moyen de transport : local bus.
Il faut quand même dire que ça commence mal. Les
Etape 2 : Butwal-Sunauli. Moyen de transport : cyclorickshaw.
Il y a toujours une solution. Toujours. Et dans les pires
Etape 3 : passage de la frontière. Moyen de transport : à pattes.
Soyons clairs, la frontière indo-népalaise, c'est le bordel.
Etape 4 : Sunauli-Gorakhpur. Moyen de transport : local bus.
Trouver un bus pour Gorakhpur est facile, car il s'agit de la première ville indienne après la frontière équipée d'une gare ferroviaire avec des trains à destination des métropoles. Au point que les compagnies de bus se livrent une concurrence sans pitié, à grand renfort de rabatteurs et de ventes de tickets à la criée. "Il est beau mon bus il est beau..!" Pas cher, donc pas confortable, hein. Les banquettes de deux personnes me paraissent singulièrement étroites ; mais quand je me retourne pour observer les voyageurs népalais, je m'aperçois qu'eux y sont parfaitement à l'aise ; je me sens exactement comme Janine dans L'Exil et le Royaume de Camus.
Etape 5 : Gorakhpur - Delhi. Moyen de transport : train.
A l'arrivée à la gare de Gorakhpur, les choses s'annoncent mal : notre train n'est pas affiché. La première fois qu'on se renseigne au guichet, c'est "I don't know". La deuxième fois, c'est "There's no such train". La troisième "Ok I'll check (...) oh yeah it's 5 hours late". On attend quelques heures en salle d'attente réservée aux femmes mais peuplée aussi bien d'hommes (l'inverse n'est pas vrai), à manger des chips, boire du Thums up (beurk...), tenter des étirements sous le regard intrigué et circonspect des mères de famille indiennes. Finalement, le train arrive alors que nous ne l'attendions pas avant au moins trois heures. Nous y montons, trouvons nos couchettes et nous y allongeons sans penser ni aux regards habituels fixés sur nous ni au fait que nous n'avons pas mangé de vrai repas depuis la veille. Une bonne nuit de sommeil plus tard, la soif se fait sentir, tandis qu'il apparaît que le train cherche à rattraper son avance : ce qui signifie qu'il arrivera finalement bien avec un retard de plus de cinq heures, totalisant à l'arrivée un trajet de dix-huit heures. Autant dire que pendant ce temps je me dessèche, surtout qu'aucun pani-walla n'a la bonne idée de passer dans notre compartiment pendant plusieurs heures. Quand finalement l'un d'entre eux passe, je me jette sur lui du haut de mon perchoir et vide plus de la moitié de la bouteille que j'achète aussitôt. Marine avait soif aussi, même si elle ne disait rien, bécasse. On est de retour dans la frange des 40°c.
Etape 6 : DELHI : gare - Connaught Place. Moyen de transport : bus.
Nous avions prévu de tenter la grande aventure entre l'extrême-est de Delhi et JNU en rickshaw, mais coup de chance, des bus coordonnés aux horaires des trains dans une organisation digne des pays développés attendent sagement en face de la gare. "Bas, bas, baaaas, CP ke lye !!!!". Direction CP donc, qui appartient elle aux terres déjà explorées et cartographiée par nous. A l'approche de cette épouvantable place insultant à la logique sociale et architecturale la plus élémentaire, nous réalisons soudain que cette fois, il -faut- manger. Et à CP, y'a un KFC. A nous les cuisses de poulet !! Quand nous faisons irruption dans le restaurant, mal coiffées, puantes, sales, avec nos énormes sacs à dos, notre première réaction est de courir aux toilettes pour une toilette élémentaire, qui n'empêche néanmoins pas les serveurs de nous fixer d'un air outragé, surtout quand nous commandons assez de nourriture pour une douzaine d'indigènes et que nous monopolisons des prises électriques pour recharger nos téléphones et passer les coups de fil de rigueur à ceux qui nous attendent. Mais dans la gêne, y'a pas de plaisir ; et là franchement, je crois que je n'ai jamais autant apprécié un repas.
Etape 7 : DELHI : Connaught Place - Jawaharlal Nehru University. Moyen de transport : autorickshaw.
Dernière étape, retour au monde connu, mais aventure toujours, dans les fameux embouteillages de Delhi. Je dépose Marine à Lajpat Nagar avant de continuer seule vers JNU, en faisant au passage amie-ami avec le chauffeur de rickshaw ravi de constater que je pouvais répondre à ses questions en hindi, ce qui le pousse à me décrire en détails toute sa vie quotidienne et tous les membres de sa famille. Arrivée à JNU vers 18H au lieu de la fin de matinée, mais on n'est plus à ça près. Le couronnement de ce voyage : la douche la plus divine de ma vie.
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Ce périple me fait mourir de rire: j'imagine le mec qui arrive dans ton compartiment avec une bouteille d'eau, et toi qui bondit de ton lit situé en hauteur.... Mouahahahah!
RépondreSupprimerFinalement, la vie indienne, c'est vraiment fait pour les roots comme toi!
La dernière photo est craquante ^^
RépondreSupprimerEt, au fait, c'est quoi la vie quotidienne du chauffeur de rickshaw alors ?
Hmm bah la vie quotidienne d'un chauffeur de rickshaw c'est pas très marrant. Il dort quasiment pas, ou alors quelques heures à l'arrière de son rickshaw. Il gagne entre 500 et 800 roupies par jour mais il en reverse les 3/4 au propriétaire du rickshaw (il est très rarement à lui). Il parle très peu anglais et sait en fait à peine lire. Il préfère les trajets courts aux trajets longs (avec un compteur à 10 rps minimum, plein de petits trajets valent mieux qu'un seul long).
RépondreSupprimerMais celui-là il était cool, il avait trois enfants et il voulait plus tard ouvrir un commerce de ventilateurs ;-)