Et maintenant, je suis ici :

samedi 22 mai 2010

Népal (1) Kathmandou काठमांडौ

Après un moment fabuleux à se reposer dans la fraîcheur humide de Kathmandou, décision est prise d'aller visiter un peu la ville. Au passage, réservation d'un package de trois jours pour aller au Parc National de Chitwan - l'organisation, c'est rassurant, je le découvre. Il s'agira de safari à dos d'éléphant, de marche dans la jungle, de repérage d'oiseaux depuis un bateau sur la rivière, mais nous n'en sommes pas encore là. Nous décidons de nous promener à pieds dans la ville, malgré les sollicitations permanentes et fort bruyantes des chauffeurs de taxi. Au passage, j'ai essayé d'acheter un paquet de mouchoirs que le vendeur édenté voulait me faire payer 500 roupies, alors j'ai renoncé : la mauvaise nouvelle c'est que les prix sont plus élevés qu'en Inde, surtout quand on est touriste. La bonne nouvelle, c'est que beaucoup de Népalais parlent (bien) anglais, et que je peux même souvent me débrouiller en hindi, le népalais étant une langue assez largement similaire, même si sa prononciation bien plus rétroflexe et labiale la fait ressembler au Chinois. Et moi je trouve ça cocasse.

La balade nous mène, presque ignorées par les Népalais qui ont l'extrême bon goût de ne pas nous dévisager ni nous suivre ni nous harceler ni nous interroger (si !), vers les collines hautes de Kathmandou. Appareil photo vissé sur le nez, Lonely Planet sous le bras, lancées au trot, visite d'abord d'Indrani Temple, un petit temple hindou sur le bord de la rivière, dont l'atmosphère intime est bercée par les cris des enfants jouant au milieu des chèvres et des chiens. En dessous on devine les ghats rituels longés par la rivière à la couleur disons... chocolatée.

La colline que nous continuons à escalader est comme saupoudrée de temples (t'as mis trop de sucre chéri !) : suit Bijeshwari Temple, à la cour intérieure encombrée de statues de roche sombre. Un panier retourné se balade tout seul, jusqu'à ce que des pieds d'enfants finissent par dépasser. Flammes rouges des bougies contre bronze d'autres statues. Une chèvre lèche le visage d'une statue de Shiva comme dans un geste de dévotion...

Mais le vrai but de l'ascension est le célèbre (du moins selon les critères de Piyush) Swayambhunath Temple, où nous avons la bonne idée d'arriver au moment où tout le monde en sort. Mais Marine dit que c'est tant mieux. Le premier portique se situe dans la ville elle-même, mais l'escalier s'échappe en courant dans la colline, débouchant au loin sur une architecture à trois dômes éclairés de façon assez futuriste vus d'en bas. L'ascension commence, rendue de plus en plus difficile par une idée démoniaque, celle de faire des marches de plus en plus étroites et raides, sous la voûte d'arbres sombres peuplés par les singes, entre les multiples statues religieuses, Bouddhas d'abord, puis lingams lingams et lingams, puis chevaux, paons, éléphants. L'ascension - spirituelle bien sûr - est récompensée par une splendide vue nocturne de Kathmandou, étincelante de rares lumières blanches qui luit donnent un halo argenté à travers la plaine et les collines, jusqu'aux murailles des montagnes, tandis que le temple est plongé dans un clair-obscur fascinant, les trois dômes recueillant à eux seuls toute la lumière, le reste étant plongé dans une atmosphère vouée au divin. Les bougies et les minuscules lampes à huile vacillent sous le vent et sous les chants de prière accompagnés par un harmonium. Des moines bouddhistes glissent au long du "jardin" de statues et des représentations divines des quatre éléments. Lorsqu'après un moment d'une longueur digne du prestige de l'endroit, nous redescendons l'immense escalier sombre et désert, ce n'est qu'avec prudence, accrochées à la rampe et éclairées par la torche de mon portable indien. Les statues se révèlent tour à tour paisibles et inquiétantes sous le faisceau hésitant de la torche...

Après que nous dépassons le dernier portique, la traversée de la ville jusqu'à l'hôtel prend encore une heure dans les ruelles privées d'électricité. Mais la vie continue, dans les échoppes on se regroupe autour d'une unique bougie, des rirent fusent, les "namaste" sont toujours aussi enthousiastes. J'arrive complètement éreintée, Marine s'endort tout habillée couchée en travers sur son appareil photo. J'écris un peu puis je m'endors sans avoir mangé, savourant le confort d'un vrai lit, pas expérimenté depuis cinq mois, et la douceur de draps sur ma peau, pas expérimentée depuis deux mois.

1 commentaire:

  1. Ce qui est rassurant, c'est que tu écris toujours aussi bien français :)

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