Et maintenant, je suis ici :

lundi 3 août 2009

आगरा (Agrâ)

Agrâ. La ville moghole par excellence, la capitale d'Akbar, le plus fameux des Grands Moghols. Elle enserre entre ses rues bariolées et étouffantes, comme dans un écrin, le Taj Mahal, le lieu le plus emblématique de l'Inde du point de vue des étrangers. C'est vrai quoi, le Taj, c'est l'équivalent en portée symbolique de la Tour Eiffel, et d'ailleurs, le plus ironique, c'est qu'on trouve vraiment des boules à neige avec le Taj dedans (qui en veut un ?). Agrâ n'est pas très éloignée de Delhi, à peine 2H30 de train, ce qui m'a fourni l'occasion d'expérimenter pour la première fois les wagons-couchettes en 3ème classe, et, très franchement, ce n'est pas si mal que ça ! A part qu'en effet, il vaut mieux être extrêmement vigilant si on veut ne rien se faire voler... Il faut dormir sur ses affaires en gros ! Nous étions donc 4 filles en partance pour le grand rêve indien. Quelques minutes de rickshaw après l'arrivée du train en gare d'Agrâ, on nous a indiqué le Taj Mahal au fond d'une petite ruelle encombrée de magasins (et donc, de rabatteurs...) et interdite à la circulation pour préserver le Taj de la pollution.

My god, le ticket pour visiter ce monument est très cher, le plus cher d'Inde : 750 roupies, autant dire un petit luxe ici. Tarif spécial pour les étrangers... On nous suce un peu le sang en nous faisant payer bien plus que les Indiens. Si seulement on était sûr de participer directement au développement économique de l'Inde... Ensuite, on nous déleste de tous les objets interdits, boissons, nourriture, cigarettes... Une petite fouille, un petit poinçon sur le ticket plus tard, nous voilà dans la première cour intérieure.

Là se dresse un gigantesque portique à l'architecture déjà impressionnante... Le grès rouge étincelle aux lueurs déjà violentes du milieu de matinée, mettant en valeur les savants motifs d'arabesques et d'incrustations musulmanes. Mais la vraie rencontre a lieu juste après ce portique... En s'approchant on commence à deviner, à travers le portique, l'éclat blanc du Taj mahal. Puis il apparaît d'un seul coup, comme si on levait soudain un grand rideau. On ressent une certaine émotion à la vue de ce sublime monument aux formes élancées et aux couleurs pures... Je l'ai comparé dans un autre article à Humayun's tomb, et la ressemblance de forme entre les deux monuments est en effet très claire. Mais celui-là est bien plus réussi... Tout le monde connaît l'histoire de Shah Jahan et de son épouse préférée Mumtaz Mahal, pour qui il a fait construire ce mausolée... Il faut aimer au-delà de toute imagination pour faire concevoir un pareil monument. L'amour existe ? C'est ce que les Indiens voudraient me faire croire. "Agrâ is de city of de love, yes ma'am !", "But dis is love you know, me talking to you !"

Devant le Taj Mahal, de longs bassins malheureusement desséchés (selon les photos pro, il est quand même censé se refléter dans des bassins d'eau pure... Moi être déçue !). Derrière le Taj, la Yamunâ qui étend ses eaux crasseuses sur des milles et des milles. Pour les zoologues passionnés, j'ajoute une photo où on aperçoit un troupeau de bufles pataugeant dans cette eau ;)
Tous les détails du Taj sont d'une perfection incroyable. Zoom-dézoom, mon objectif d'appareil photo s'affole ! Même chose une fois entrées dans la mosquée, aux perspectives de grès ouvragé, aux fines arabesques, à la lumière décomposée par les portes placées sur un plan octogonal... Même sous la chaleur accablante et avec les pieds nus brûlés par les dalles de marbre exposées au soleil, et malgré la foule grouillante qui se précipite pour visiter cette perle de l'Inde, ce pan d'histoire moghole sait mériter sa réputation et faire surgir dans le coeur du visiteur une indéfinissable nostalgie à la pensée de cet amour immense mué en une architecture fière et éternelle.


5 commentaires:

  1. a ouai sympa la photo des buffles devant le Taj...mais y'en a que 4?...;)

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  2. "Tout le monde" connaît cette histoire ? Pour ma part, ce n'était pas le cas... Mais elle est belle. Merci, donc, de me l'avoir faite découvrir. Qu'appelles-tu des "rabatteurs" ? Ce sont des maquereaux, c'est ça ? Et je veux bien un Taj Mahal enfermé dans une boule de neige ! La plus petite possible, j'ai pas envie que tu dépenses trop de roupies pour moi. Et puis tu as encore tellement de choses à voir ! Les photos sont très réussies, bravo.
    Des bisous.

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  3. Héhé Caro ! Merci pour ton commentaire ;) Pour les rabatteurs, il s'agit bêtement de gars qui essayent de te faire venir dans leur magasin ou de te refiler des trucs inutiles dans la rue. Ils sont particulièrement insistants, et dans la ruelle devant le Taj Mahal, tu peux pas faire deux pas sans en avoir des nuées autour de toi. La prochaine fois que j'y vais (et je vais y retourner plusieurs fois je pense !), je te prendrai un petit Taj dans une boule de neige ;) ;) Tu viens quand ? Allez !

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  4. Ah oui et pour la petite histoire, Shah Jahan était fou d'amour pour Mumtaz Mahal, son épouse préférée. Elle est morte en accouchant de leur 14e enfant en 1631, et il en est devenu un peu fou. Il a ordonné la construction du Taj Mahal presque immédiatement, mais il n'a été terminé que vers 1644. A part ça, Shah Jahan a été enfermé par son propre fils dans le Fort Rouge d'Agra en 1658, avec pour seule consolation de voir le Taj Mahal au loin pendant 8 ans =) Intense !!

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  5. Mais elle est horrible cette histoire ! 14 enfants ?? C'est plus de l'amour, c'est de la rage...
    Et puis t'as cru que j'étais riche ? Tu voudrais que je vienne quand, précisèment ? J'ai peur de faire une attaque devant le prix des billets.
    Tell me, on sait jamais ;-)

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