Et maintenant, je suis ici :

mardi 25 août 2009

Flying too high

I’m driving fast
And walking too slow
I’m catching my breath
I’m wrecking the show

Riding through storm
I’m riding through sun
I’d be padding fast with the wind on my chest
If your heart I had won

I’m on my way to you now
But I can’t get there quickly enough
No matter how I try
No matter how I try

I’m flying too high
I’m making a scene,
On my way to your arms
My impatience is mean

I’m flying too high

I’m making a scene
On my way to your arms
I’m blazing


Brisa Roché, Flying too high


Journée euphorisante ! Observation n°1 : je vais en cours ! J'ai même un bel emploi du temps avec le nom des cours dans des petites cases de couleurs châtoyantes. Pour ce semestre, ce sera "Historical methods", "Social power and social subordination", "Movement and migration : from Empire to Nation states in South-East Asia" et "Capitalism and colonialism". En espérant que ça suffira à valider mon année... J'attends une réponse de la grande-patronne-manitou-suprême-du-master-histoire-moderne-et-contemporaine-à-Lyon-2. J'ai aussi un contact désormais régulier avec mon tuteur de recherche, extrêmement sympathique et à l'écoute, qui me donne les premières pistes pour définir un sujet. Observation n°2 : j'ai aussi commencé les cours de hindi ! J'suis allée voir avec les autres ce que donnait le cours pour débutants, mais ça suffisait juste pour se marrer pendant 2h en voyant le prof complètement perdu réécrire plusieurs fois un même mot qu'il avait écrit trop gros pour que ça rentre dans le tableau... C'est ainsi que je me suis retrouvée au cours "advanced hindi" et là, héhéhé, y'a du boulot mes amis ! Heureusement j'ai trouvé un Français qui rame autant que moi, c'est parfait, on écumera l'océan indien en galère (remarquez la belle métaphore filée). Ainsi donc, j'ai en tout 8h de cours d'histoire par semaine + 6h de cours de hindi, ce qui nous fait 14h, auxquelles il faut ajouter la louuurde masse de tutorials à écrire tous les 10 jours et à soutenir devant tout le groupe de TD... Et mon année sabbatique elle est où ? M'aurait-on menti ??

Aujourd'hui est aussi le jour de ma première plongée dans la circulation delhite dans un autre moyen de transport que le rickshaw. Et pas n'importe lequel : une MOTO ! Eh oui, me voilà assise derrière mon co-rameur qui est aussi motard, quelques minutes de mise en roues sur le campus, puis, sans transition, soudain les vrais embouteillages, les vrais fous du volant, la vraie circulation. Moi, angoissée ? Je me redresse toute fière, arc-boutée à l'arrière. "Ma mère me déshériterait pour ça. - Pour quoi ? - En moto, à Delhi, sans casque... - Y'a un casque attaché à l'arrière, prends-le !". Quelques minutes arrêtés en pleine circulation, le temps que je comprenne comment boucler le casque, et nous voilà lancés. Il roule comme un Indien, un vrai, il zigzague entre les voitures arrêtées, il accélère à fond dès qu'apparaissent quelques mètres dégagés, il se rit des gros camions à la carrosserie customisée et au pot d'échappement fumant comme les naseaux du monstre du Loch Ness. Les torrents de circulation s'accumulent à l'entrée des flyovers qui jalonnent la route vers le sud de Delhi, et tous les véhicules rivalisent d'ingéniosité pour dépasser les copains. Parfois, soudain, on se rend compte que le rideau opaque de véhicules crapahutant s'ouvre d'un coup d'un seul et on s'élance sur le flyover, qui alors porte bien son nom. On accélère et mon visage rencontre l'air dur, mes traits se mélangent comme à la surface d'une eau tourbillonnante, je plisse les yeux et leur iris vert coule et déborde. Je serre d'une main la poignée à l'arrière du siège, de l'autre mes livres et mes cahiers qui ne demandent qu'à caramboler. Alors que je crispe ma main sur l'épaule de mon co-rameur-motard qui zigzague un peu trop ou n'anticipe pas assez les fourbes ralentisseurs qui jalonnent la route, la pluie se met à tomber. "Ah nan pas maintenant putain !" De nouveau un embouteillage devant un autre flyover. Un fou-rire nous prend qui attire l'attention des conducteurs arrêtés tout autour de nous, avec leurs fenêtres grandes ouvertes pour profiter de la fraîcheur de la pluie et leurs guirlandes extra kitsch accrochées au rétroviseur et au volant. "Je pourrais sortir mon parapluie de mon sac". Il sort un peu surnaturellement de ma besace, comme aidé par une bourrasque. Son ombre noire est éclatante dans la lumière jaunâtre des lampadaires. La moto tousse un peu mais avance coûte que coûte, il ne faut pas rester là, c'est une évidence ! On contourne un vieux rickshaw abandonné en travers sur le bord de la route en faisant gaffe aux bus surpeuplés qui doublent par la gauche, on ignore les vindicatifs coups de klaxon des voitures auxquelles on vient de couper la route, et on s'envole. Le parapluie ploie un peu mais tient le choc, on domine les lampadaires puis toute la longueur du flyover, la circulation est noyée dans la lumière du soir réfractée par les gouttes de pluie. Les phares bleus et rouges envahissent le tissu de la nuit, je plisse encore un peu les yeux et mes cils qui se croisent ne reflètent plus que la lumière. Je crois que j'ai laissé tomber mon sac et mes livres, mais qu'importe je tiens le parapluie à deux mains et c'est moi qui tiens le cap pendant que les jambes de mon co-rameur-motard font des moulinets dans l'air nocturne. Là, au loin, juste en face, la grande terrasse de mon appartement et les odeurs de chapatis ratés qui s'en échappent en ricanant.

"Non, tu veux vraiment pas que j'ouvre mon parapluie ?"
:-)

1 commentaire:

  1. Magnifique ! Vraiment !
    Je rentre tout juste de vacances, je repars pour la Corse bientôt, freestyle total. Je pense à toi, la belle vie ;-)

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