Et maintenant, je suis ici :

mardi 28 juillet 2009

Old Delhi part 2 : लाल किला (le Fort Rouge)


Les pieds de l'étranger avancent sur les sentiers poussiéreux presque sans conscience, mus par une curiosité insatiable, vers le nouveau, l'étrange, le fascinant. C'est ainsi qu'une nouvelle fois j'ai plongé dans l'univers tumultueux de Old Delhi, avec moins d'appréhension cette fois. Ce bruit, cette saleté, sont inamovibles, et forment presque l'équilibre de ces quartiers. Une fois acceptée cette idée, on se laisse aller aux tourbillons de couleurs et d'odeurs. Cette fois, accompagnée de Marine, ma coloc, je suis allée jusqu'au fameux Fort Rouge, non loin de Chandni Chowk. Il s'agit d'une imposante forteresse de grès rouge flamboyant, à la silhouette immuable derrière les flots de circulation. On confond souvent cette forteresse avec un autre Fort Rouge, situé à Agra (la ville du Taj Mahal), et l'erreur est compréhensible, non seulement à cause du nom identique, mais aussi parce que les deux forts datent de la période des Grands Moghols, la dynastie musulmane qui a régné avec faste sur l'Inde aux XVIe et XVIIe siècles. Celui de Delhi a été construit par l'empereur Shâh Jahân en 1639, et agrandi par son fils Aurangzeb par la suite. J'imaginais une forteresse d'un seul tenant, mais il ne s'agit pas du tout de ça. En débouchant sur l'esplanade devant le fort, on se rend compte qu'il s'agit d'une immense enceinte gardant en ses murs plusieurs bâtiments d'architecture moghole extrêmement raffinée. On passe d'abord par une galerie cernée de voûtes dans laquelle sont installés de multiples commerces de verroterie, de marionnettes, d'artefacts divers... Puis on débouche dans une cour intérieure où la végétation est étonnamment présente et maintient une atmosphère reposante, malgré l'afflux des touristes en majorité indiens. A ce propos, jamais encore autant qu'au Fort Rouge je n'ai été à ce point dévisagée. Marine et moi, deux Blanches seules, étions vraiment les bêtes de foire. Hommes, femmes, enfants, tous nous dévisageaient, souvent curieux, parfois désagréables. Les jeunes hommes s'arrêtaient pour nous demander s'ils pouvaient nous prendre en photo... Et si nous disions non, ils s'arrangeaient pour le faire en douce. Quelques-uns nous ont suivies... Un père de famille nous a approchées pour nous demander de poser sur une photo avec sa fille...

Malgré ces petits désagréments, nous avons passé un long moment dans l'enceinte du Fort, le temps d'admirer les coupoles qui se découpent de façon aérienne dans le ciel, les incrustations de pietra dura,
technique fascinante s'il en est : il s'agit d'incrustations de pierres (autrefois, il y avait même des pierres précieuses, malheureusement volées) taillées de façon extrêmement fines et incrustées dans le marbre, avec tant d'art que la surface lisse ressemble à une peinture. A l'intérieur des fiers bâtiments de grès ou de marbre, les arches et les voûtes forment un savant canevas qui court d'un bout à l'autre des constructions. Les colonnades s'enchaînent, et font de ces petits palais un royaume des courants d'air : l'agencement intelligent des salles et des colonnades fait que l'air circule perpétuellement. En somme, une bâtiment de guerre qui est plutôt un lieu de paix. La prochaine fois que je fais une visite de ce genre, pourtant, je prendrai une étole pour me couvrir les cheveux et le visage... Je serai une de ces ombres musulmanes d'un autre temps, une de celles dont on imagine la silhouette glissant le long de ces murs de grès et ces colonnes de marbre, voilées pour respecter la stricte tradition de la purdah, pures et inaccessibles.


1 commentaire:

  1. Bon si ça marche je veux bien me ré essayé aux comms, et sache que c'est une énorme erreur de m'avoir donné ce numéro de tel pour te joindre à point d'heure! En tout cas, belle visite du fort rouge, je m'empresserai de te prier de remettre ton voile, femme! ,;)

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